La dynamisation (dilution associée à la succussion)
L'effet des substances dépend de la quantité administrée ; Paracelse disait d'ailleurs en substance que « c'est la dose qui fait le poison ». Par exemple, en thérapeutique classique, les
anti-inflammatoires non stéroïdiens sont, selon la dose, antalgiques ou anti-inflammatoires. Notons que ce n'est pas la
dilution en soi qui produit cet effet, mais bien la dose finale ; la dilution ne sert qu'à diminuer la dose administrée.
Les expérimentations d'Hahnemann
[2] lui auraient montré que le fait de secouer la solution après chaque dilution permettrait de conserver une certaine efficacité thérapeutique ; cependant, il proscrit l'emploi de sucre pour administrer ses préparations qu'il conseille d'administrer liquide juste après les avoir préparées et sans les laisser reposer. Cette succussion n'aurait pas pour but de bien mélanger la solution avant de la diluer à nouveau, mais de produire des chocs sans lesquels les qualités thérapeutiques du remède homéopathique n'apparaîtraient pas. Ce procédé, sans lequel les dilutions seraient peu ou pas actives, a été nommé « dynamisation » par Hahnemann. Quelques études récentes
[réf. nécessaire] tendraient à montrer que la présence d'air lors de la dynamisation serait indispensable pour qu'un effet thérapeutique puisse persister à très faible dilution.
Le
solvant, le plus souvent l'
eau et l'
alcool, est utilisé pour effectuer des dilutions successives, au dixième (DH) ou le plus souvent au centième (CH) d'une solution de teinture mère. La dilution d'une solution de teinture mère dans 99 volumes de solvant est une dilution d'une
centésimale hahnemannienne (1 CH, c'est-à-dire un taux de 0,01, ou encore 1%), la dilution au centième de celle-ci est une dilution de 2 CH (soit au dix millième T = 0,000 1 = 10
-4, ou encore 0,01%). Une dilution de
n CH est une dilution de 10
-2 × n ; 3 CH représente un
millionième, 6 CH un
billionième…
Les dilutions courantes en France vont jusqu'à 30 CH, le taux de dilution est donc de 10
-60. Dans de nombreux pays sont utilisées des dynamisations et dilutions allant jusqu'à 200 CH. Pour donner une idée plus juste :
- Une goutte d'eau (environ 0,05 mL) dans le lac Léman (88 900 millions de m3) représente une dilution d'environ 6×10-19, soit l'équivalent de 10 CH ;
- Une molécule d'eau noyée dans la somme des océans sur terre représente une dilution de un pour 8,4×10-45 molécules, soit approximativement 23CH
- Une dilution à 40 CH correspond à 1 molécule d'une substance-mère dans une masse de solvant supérieur à la masse totale de l'univers (la quantité totale d'atomes de l'univers est estimé à 1080 atomes).
Les substances insolubles sont triturées dans du lactose jusqu'à obtention du seuil de solubilité permettant de préparer la première dilution liquide
[6]. Le reste des opérations suit le même procédé que pour les substances solubles.
La dynamisation de Semen Korsakov Le Russe
Semen Korsakov est l'auteur d'un système de dilution différent, qui porte son nom. Au lieu de changer de flacon à chaque dynamisation, ce procédé vide simplement le flacon après chaque dynamisation, en considérant qu'il demeure environ un centième du volume initial (ce qui est probablement approximatif). Cette méthode a permis d'automatiser le procédé, et a conduit à l'obtention de dynamisations très poussées, jusqu'à un million de fois (MM Korsakov). En réalité, si le nombre de secousses auxquelles a été soumise la préparation est très élevé (100 millions de coups pour la MMK), la dilution est fortement modifiée, parfois beaucoup plus faible que celle attendue et strictement non mesurable.
Appliquée à des substances radioactives bêta, on a compté avec la dynamisation hahnemannienne le nombre d'électrons émis. L'expérience a montré qu'il n'y a plus de radioactivité au-delà de 12 CH. Celle-ci persiste pour une dynamisation korsakovienne de 3000K. Ceci montrerait que la dilution korsakovienne est beaucoup moins poussée que ce que Korsakov lui-même pensait. Cela s'explique probablement par l'interaction entre la substance à diluer et la paroi : les molécules peuvent s'accrocher fortement à la paroi, et le volume n'est alors pas pertinent (le relargage en solution n'est pas proportionnel au volume qui est passé dans le flacon, mais à l'efficacité du lavage de la paroi, c'est-à-dire qu'il n'est pas exponentiel mais logarithmique par rapport au nombre de passage).
Inversement, si les molécules actives n'ont aucune affinité avec la paroi, cet effet est négligeable et on retombe sur le cas de la dilution hahnemannienne. L'eau étant le meilleur des solvants, dès que l'eau est contenue dans un récipient ou passe dans un conduit, elle détache quelques molécules de la paroi. La pureté de l'eau nécessaire aux dilutions homéopathiques n'existe pas. Passé le cap de 10 CH, les impuretés du solvant sont des millions de fois plus concentrées que la substance-mère de départ. Ces impuretés donnent aussi leur « empreinte » lors des succussions subséquentes, ce qui fait que, quelle que soit la substance-mère de départ… on obtient toujours la même chose à 30 CH : une solution constituée d'eau avec les impuretés de l'eau utilisée et où les composants dilués sont les matières sèches énumérées sur la constitution de toute eau sans trace de la substance supposée active
Les remèdes homéopathiques
Les remèdes homéopathiques peuvent être fabriqués à partir de composés chimiques, de plantes, de champignons d'animaux ou de minéraux
Formes pharmaceutiques en homéopathie Tube de granules de
Ledum palustre à 15 CH
- Formes solides : la solution diluée au CH voulu, et dynamisée, est utilisée pour imprégner :
- Des granules, de la taille d'une tête d'allumette, en tube multi doses, selon la prescription : deux à quatre granules, plusieurs fois par jour, ou à intervalles ou heure fixes ;
- Des globules de saccharose présentés en tube contenant une dose unique; les globules sont environs dix fois plus petits en volume que les granules.
Globules
- De la poudre en flacon ou sachet doses.
Formes liquides
Gouttes (en flacon) - généralement des teintures mères de plantes ;
Ampoules buvables.
Formes semi-solides
Suppositoires
Liniments, onguents et pommades (exemple : homéoplasmine)
Les granules et globules sont la forme pharmaceutique la plus utilisée en homéopathie. Ils sont utilisés par voie sublinguale, en laissant fondre sous la langue.
- Homéopathie injectable
Les laboratoires homéopathiques réclament la possibilité de commercialiser des médicaments homéopathiques sous forme injectable. Cette nouvelle forme pharmaceutique a pour l'instant été refusée. Par exemple en France, sur la base d'absence d'étude d'efficacité et du réel danger de cette voie d'administration
Dangers de l'homéopathie
Les médicaments homéopathiques sont généralement considérés comme dépourvus d'effet secondaire. Cependant, certaines formes, en particulier les granules, contiennent des excipients à effet notoire (
lactose,
saccharose) ; les personnes ayant une intolérance à ceux-ci doivent donc prendre des précautions.
Comme tout médicament, les remèdes homéopathiques ont des indications précises. Toute utilisation selon des principes n'obéissant pas strictement aux règles de l'homéopathie, outre qu'elle sera vouée à un échec thérapeutique ou à une rechute rapide, peut donc conduire à l'aggravation de la maladie. Par exemple, certains homéopathes déconseillent vivement la prise d'Hepar Sulfur lors d'une otite : selon ces auteurs, une aggravation de la maladie du patient, pouvant aller jusqu'à l'abcès du
cerveau, est possible lorsque la technique homéopathique est mal maîtrisée. Mais, outre la prescription d'un remède inadapté, le choix de la dilution peut être lui-même responsable d'une réaction intempestive : cela s'observe fréquemment avec
Sulfur, remède censé ramener les maladies profondes vers la peau (à un niveau pathologique supposé donc moins grave) et peut exacerber notablement ou provoquer des affections cutanées, notamment des eczémas, s'il est administré d'emblée à de hautes dilutions à un sujet sensible (sujet sensible signifiant que le patient correspond bien aux critères du remède).
Ces affirmations, en provenance de ceux qui connaissent la méthode homéopathique, et qui s'en méfient, sont considérées par de nombreux détracteurs de l'homéopathie comme inexactes, car elles auraient, selon eux, entraîné une régulation plus rigoureuse de la distribution de ces médicaments.
Cependant, le plus grand danger de l'homéopathie vient du fait que ces traitements peuvent retarder, ou faire ignorer, des soins médicaux valables. Cette absence de soins appropriés peut alors avoir des conséquences graves pour le malade.
Récemment, l'emploi de l'homéopathie pour se prémunir contre le
Paludisme a eu des conséquences graves