Le Parlement kosovar adopte ses premières lois
Le Parlement du Kosovo a adopté mardi ses dix premières lois d'État indépendant, dont la première est la création d'un ministère des Affaires étrangères, deux jours après la proclamation unilatérale d'indépendance, a constaté un correspondant de l'AFP.
Une majorité de 84 députés ont voté pour, deux contre et deux se sont abstenus, lors d'un vote électronique retransmis en direct à la télévision.
Ces textes portent en particulier sur les passeports et la citoyenneté, la mise en place d'une police nationale du Kosovo, la protection spéciale des sites liés à l'héritage culturel à caractère religieux y compris les monastères et églises orthodoxes, l'autonomie locale des municipalités et la détermination de leurs frontières.
La première loi a créé un ministère des Affaires étrangères. Ce sera «une nouvelle institution» du Kosovo, qui «va aider à établir des relations avec les pays amis et à développer l'économie», a expliqué le premier ministre Hashim Thaçi devant les députés avant le vote.
Au total, le Parlement doit adopter 34 lois pendant une période de transition de 120 jours: 22 inspirées directement du plan de l'envoyé spécial de l'ONU Martti Ahtisaari, qui préconise une indépendance sous supervision internationale et propose une large autonomie pour la minorité serbe, et 12 liées aux institutions du Kosovo, a précisé à l'AFP un responsable du gouvernement, Skender Durmishi.
Le plan Ahtisaari préconise en particulier qu'une large décentralisation, via les municipalités, accorde «à la communauté serbe du Kosovo un haut degré de contrôle sur ses propres affaires». La nouvelle loi sur les frontières des municipalités augmente leur nombre à 38.
Le Parlement doit aussi approuver un projet de Constitution. «Nous souhaitons tout terminer pendant la période de transition», a expliqué M. Durmishi.
Dans la déclaration d'indépendance votée dimanche, les dirigeants du Kosovo affirment qu'ils mettront «intégralement en application les obligations» découlant du plan Ahtisaari, «dont l'adoption prioritaire de lois figurant dans son annexe XII, notamment celles qui protègent et promeuvent les droits des communautés et de leurs membres».
La plupart des pays européens se sont dits prêts lundi à reconnaître cette indépendance. La France, la Grande-Bretagne et les États-Unis l'ont déjà reconnue formellement. Trois pays de l'UE, notamment l'Espagne, Chypre et la Roumanie, refusent d'entériner la naissance du nouvel État, la jugeant contraire au droit international.
Moscou et Belgrade sont catégoriquement opposés à toute indépendance du territoire à majorité albanaise, où vit une minorité serbe d'environ 100 000 personnes.