Jérôme Kerviel, le trader mis en cause dans la "fraude" dont aurait été victime la Société Générale, a été placé samedi en garde à vue dans les locaux de la Brigade financière à Paris pour y être entendu par les policiers chargés de l'enquête.
Un important dispositif de sécurité a permis peu avant 14H00 (13H00 GMT) l'accès de deux véhicules, dont un Renault Kangoo à bord duquel se trouvait Jérôme Kerviel, dans le parking de l'immeuble de la Brigade financière, situé rue du Château-des-Rentiers (XIIIe arr).
Jérôme Kerviel, un trader de 31 ans soupçonné d'avoir fait perdre 4,9 milliards d'euros à la Société Générale, a été placé sous le régime de la garde à vue, a précisé une source judiciaire.
Vendredi après-midi, des enquêteurs de la Brigade financière s'étaient rendus à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) pour perquisitionner au domicile de M. Kerviel, d'où les policiers étaient ressortis avec des documents, peu dignes d'intérêt selon une source proche du dossier.
Selon des voisins, le trader n'a pas été vu depuis plusieurs semaines, certains évoquant une sous-location à un couple.
Les policiers s'étaient également rendus vendredi au siège administratif de la Société générale à La Défense (Hauts-de-Seine) où "des pièces utiles à l'enquête" leur ont été remises volontairement, selon le parquet de Paris.
Alors que les explications de la Société Générale sur ses pertes colossales ont suscité l'incrédulité voire les critiques, le PDG Daniel Bouton s'est défendu samedi dans un long entretien au Figaro.
Le PDG a réfuté notamment toute dissimulation. "Ce qui est arrivé à la Société Générale n'a rien à voir avec une catastrophe qui aurait été le fait de notre stratégie. Cela s'apparente à un incendie volontaire, qui aurait détruit une grosse usine d'un groupe industriel", a déclaré M. Bouton.
Il a rejeté l'hypothèse d'avoir "transféré dans un trou nouveau des pertes provenant d'un autre trou", en l'occurence celui généré par la crise financière internationale. "Cela, a-t-il souligné, ne tient pas debout, ni techniquement ni comptablement."
Il a aussi démenti la responsabilité de la banque dans la chute spectaculaire des marchés financiers en début de semaine, ainsi que dans la décision mardi de la Réserve fédérale américaine (Fed) d'abaisser son principal taux directeur de 0,75 point.
La Société Générale a déposé plainte contre Jérôme Kerviel pour "faux et usage de faux" et "atteinte au système de traitement automatisé des données".
Le parquet de Paris, qui centralise les plaintes visant cette "fraude" record, a ouvert jeudi une enquête préliminaire, confiée à la brigade financière, à la suite d'une première plainte contre X déposée dans la matinée au nom d'un petit porteur pour "escroquerie, abus de confiance, faux et usage de faux, complicité et recel".
Les plus hautes autorités de l'Etat, de Nicolas Sarkozy à François Fillon en passant par le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, se sont employées vendredi à rassurer aussi bien les marchés que l'opinion publique.
Le Premier ministre a demandé "sous 8 jours" à Christine Lagarde (Economie) un rapport sur cette affaire.