L’ostéopathie est, selon la définition de la Société internationale d’ostéopathie de Genève et l’Académie d’ostéopathie de France, « L’art de diagnostiquer et de traiter par la main les dysfonctions de la micromobilité des tissus du corps humain qui entraînent des troubles fonctionnels pouvant perturber l’état de santé. C’est une approche holistique de l’être qui intègre à la fois le corps et l’esprit », estime Jacques Churlaud, ostéopathe à Paris. Tout l’art du praticien est de rétablir, à partir d’une situation anormale, une situation normale dans l’organisme afin que le patient recouvre la santé.
Les 3 principes
Une unité fonctionnelle indissociable
Andrew Taylor Still, le fondateur de l’ostéopathie, a posé comme premier principe que le corps humain constitue une unité fonctionnelle indissociable, car toutes les parties du corps sont reliées entre elles par les tissus organiques qui le composent. L’ensemble des systèmes étant en interrelations, les autres structures ou organes peuvent être affectés à distance. Mais la cause est bien souvent loin de son effet et les origines d’une lésion peuvent être multiples, comme l’explique Jacques Churlaud : « Une lombalgie basse peut être en rapport avec un dysfonctionnement du membre inférieur, une projection douloureuse d’origine viscérale (problème de constipation, de fibrome utérin ou de prostate), une projection mécanique venant du haut ou du bas du corps et être aussi en lien avec un problème de somatisation (tensions d’origine nerveuse)… ». L’ostéopathe doit alors décoder la cascade d’interactions depuis le symptôme jusqu’à son origine. Ce qui explique que les manipulations se fassent parfois sur des zones éloignées du lieu de la douleur.
La structure gouverne la fonction
Autre principe fondamental : la structure gouverne la fonction, c’est-à-dire que les diverses fonctions corporelles sont en interdépendance étroite avec la structure du système musculosquelettique. Tout traumatisme (stress, blessures émotionnelles, mauvaises postures, accidents, etc.), qui affecte un système corporel (musculosquelettique, digestif, neurologique, vasculaire, hormonal, etc.), perturbe aussi les autres systèmes. Dès qu’une structure qui compose le corps humain perd en mobilité, la fonction qu’elle est censée remplir pleinement est perturbée. « La fonction, c’est le mouvement. C’est la mise en mouvement de la structure, l’aboutissement d’une décision volontaire (marcher, courir, dormir..) ou involontaire (lié à l’activité de nos organes) », précise Jean-Pierre Amigues. Ainsi lorsqu’on souffre d’une tendinite de l’avant-bras, on a du mal à porter un objet lourd ou à se servir un verre. Idem si l’on souffre d’un rhumatisme de l’épaule, on aura du mal à se coiffer. Quand la structure est altérée, la fonction est diminuée, voire abolie.
Toutes les ressources dans le corps
Troisième grand principe : le corps possède en lui toutes les ressources pour se soigner, à condition que les pathologies n’atteignent pas un stade irréversible. « Le rôle de l’ostéopathe est, à l’aide des techniques manuelles qu’il a apprises, de permettre au corps de contacter sa capacité d’autoguérison », explique Jacques Churlaud.
Des manipulations variées et extrêmement précises
Pour que les processus physiologiques de guérison soient efficaces, il faut que les cellules reçoivent les éléments dont elles ont besoin pour assurer leurs fonctions et qu’elles puissent évacuer leurs déchets. Pour cela, tous les liquides du corps (sang, lymphe, …) doivent circuler librement. Et c’est le mouvement qui facilite l’acheminement des liquides dans les tissus. Un examen mené en ostéopathie peut étonner, comme si les doigts du praticien possédaient eux-mêmes cinq sens, capables de ressentir ce qui se passe sous la peau. C’est une discipline essentiellement manuelle, précise et minutieuse : les praticiens palpent le corps pour déceler, dans l’organisation de la structure, les tensions ou les déséquilibres qui causent des malaises ou des maladies, puis appliquent des techniques pour rétablir l’équilibre de l’organisme. On peut regrouper les techniques de soins en deux grandes catégories. Les techniques directes qui sollicitent la dysfonction dans le sens correcteur.
Exemple : si une vertèbre est bloquée en flexion, l’ostéopathe va aller dans le sens de l’extension. Les techniques indirectes où l’ostéopathe accompagne le déplacement des tissus atteints dans le sens de la lésion, en douceur. Ces deux techniques intègrent :
Les manipulations fonctionnelles qui permettent au thérapeute, avec l’aide du sujet, de mobiliser les tissus (muscles, articulations, liquides, membranes…) et d’induire un état de relâchement suffisant pour permettre l’autocorrection d’une lésion.
La technique structurelle est à la fois un test de mobilité de toutes les articulations et un traitement. Elle demande d’appliquer une certaine impulsion sur une structure, (pour libérer une vertèbre qui ne bouge plus, par ex.). Le fait de mobiliser les articulations va augmenter l’amplitude articulaire et permettre un meilleur drainage des tissus environnants. Et éviter les stases liquidiennes néfastes aux échanges cellulaires.
Bébés comme adultes
Les applications de l’ostéopathie sont très nombreuses et concernent tant le bébé que l’enfant ou l’adulte. Il est ainsi recommandé aux mamans et surtout à celles qui ont eu un accouchement difficile, de surveiller le crâne de leur bébé et de consulter le plus rapidement en cas de déformation ou de signes comme un torticolis, des problèmes de sommeil, des infections ORL à répétition, des régurgitations ou de colite. Ces déformations peuvent avoir entre autres des conséquences sur la vision, sur la position de la tête, sur la respiration… « L’idéal serait que tous les nourrissons puissent bénéficier d’une consultation par un ostéopathe à la maternité. Ce qui permettrait de rétablir rapidement la structure dans sa fonctionnalité et d’éviter les lésions pouvant apparaître ultérieurement », estime Jacques Churlaud. Chez l’enfant, l’ostéopathie peut être indiquée dans le cas de traumatismes, de scoliose, de difficultés scolaires, de troubles du comportement (enfant coléreux, dans la lune.). Quant aux adultes, beaucoup y ont recours pour soigner des maux de dos, des douleurs articulaires, une inflammation ligamentaire, une sciatique… ou à la suite de divers accidents. L’ostéopathie est aussi efficace dans la plupart des cas de maux de tête, torticolis, dans les affections congestives telles que les otites, rhinopharyngites, sinusites, les troubles circulatoires, digestifs, gynécologiques (syndrome prémenstruel) et ceux du sommeil. Toutefois, il existe quelques contre-indications.
L’ostéopathe étant un praticien qui intervient en première intention, il est à même de cerner les maladies où il ne doit pas intervenir et d’adresser le patient au médecin traitant...