Sans oraison
L’orage a éclaté à droite de ma vie dans un passé récent, quelque part du côté de mes trente ans.
Ma meilleure femme était morte d’un coup au cœur. D’un coup tordu dans son petit cœur tendre. Je lui avais dit que je ne voulais pas d’enfant. Alors elle s’était enfuie dans le vide de ses idées de femme sans progéniture. Et était partie pour un avenir qualifié de radieux en se jetant sur les dents rouillées et ébréchées d’un râteau traînant fourbement sur la pelouse trop verte d’un jardin trop grand. Un jour où elle était enrhumée. Etait morte sur le coup. Au cœur. Depuis, je détestais pêle-mêle, les râteaux, les rhumes, les jardins et les brocolis en boîtes. Mon avenir s’annonçait peu sympathique. Et long. Depuis, j’avais perdu mon énorme variété de sourires ; je n’avais gardé qu’un rictus désagréable du genre « je n’aime pas l’humanité », celui qui fait fuir la gent féminine; ainsi que les chats de gouttière.
Enfin, pour cette vie morne de passager du temps j’avais gagné le droit de rejouer. Je m’y étais habilement abstenu.